Pour cette troisième exposition personnelle à la David Bloch Gallery, Sébastien PRESCHOUX s’affranchit de ses contraintes chromatiques et de médiums.
Choisissant de travailler majoritairement sur fond noir, l’artiste se confronte à cette problématique majeure de mise en valeur des couleurs, malgré une base occultante et la transparence des encres.
C’est donc en démultipliant les couches d’encres et de peintures que la couleur contraste le noir et reprend tout son éclat. Éclat nécessaire au renouveau de sa production, induisant l’exploration d’une nouvelle voie tendant vers des formats plus grands, des couleurs nuancées et contrastées, des formes flottantes ou désaxées, plus ou moins saturées. Fidèle au processus de la répétition du geste, une série, nommée « Kinolution », illustre le travail à la fois préparatoire et aboutit de l’évolution et de la recherche d’effets cinétiques.
L’ensemble de cette nouvelle exposition s’articule autour de supports papier et bois, permettant une finesse de traits indispensable à la sublimation de l’effet chromatique et cinétique recherché par l’artiste.
« La Résilience du Centaure » se présente comme étant une exposition intimement personnelle pour l’artiste.
Sébastien Preschoux – 1974 / Paris
Profondément marqué par l’art optique, mais également par les valeurs de l’enseignement du Bauhaus prônant une instruction axée sur la valeur fondamentale du travail manuel, Sébastien crée inlassablement des dessins de plus en plus complexes pouvant rivaliser avec ce qu’une machine pourrait produire en quelques instants. Par cette démarche il a su créer une confusion visuelle chez le spectateur pouvant amener ce dernier à s’interroger sur l’origine (humaine ou mécanique) de ses travaux. Mais ce n’est qu’en s’approchant que le spectateur aura pu identifier les stigmates du passage de la main humaine, attitude que Sébastien nomme la récompense du curieux.
Son travail ne se limite pas à une production en 2 dimensions, mais trouve une correspondance en 3 dimensions par le biais d’installations de fils, souvent réalisées en milieu naturel, lui offrant ainsi une parfaite liberté tant en terme de taille que de diversité. Pour cela il travaille en collaboration avec le photographe Ludovic LE COUSTER, qui oeuvre, lui aussi, avec des outils non numérique, mais leur préfère des appareils photographiques argentiques moyens format.
«Regarder oeuvrer Sébastien PRESCHOUX c’est accepter d’osciller entre la sérénité d’un ouvrage se laissant construire sans précipitation et la tension d’un geste infiniment précis, gracieusement mesuré, drastiquement régit par un processus de mesures et de comptage. Le travail s’étire dans le temps, rythmé par le geste répété du maniement de la règle puis du compas.
Sans impatience, Sébastien PRESCHOUX déroule le mouvement du dessin dans le temps, laisse la matière se déployer dans l’espace.
Cette manière qu’on pourrait penser laborieuse de tracer la ligne, de former la courbe ou de tendre le fil s’éprouve, pour le spectateur attentif au travail en train de se faire, comme un instant d’apaisement. Répétition de gestes délicats, sans à-coup, le temps de création s’apparente ici à une litanie gestuelle douce au regard.
On pourrait trouver étonnant le choix de cet artiste qui s’est frotté à la profession de graphiste durant un temps, de revenir aux fondamentaux : la main, le corps, l’engagement physique.
Trouver plus étonnant encore d’entretenir l’ambiguïté de sa pratique par les motifs qu’il convoque et qui de fait, pourraient aisément passer pour des images PAO ou des photomontages.
Pour l’artiste, c’est prendre le risque d’être taxé de faiseur par un défaut d’attention que le spectateur porterait à la matière ou de suranné par l’adepte de la machine.
En deux dimensions, les dessins de Sébastien Preschoux semblent aminés de vibrations, imputables peut être aux imperfections inhérentes au caractère faillible de la main.
Pourtant patents, la qualité des supports, les sillons de l’encre creusés par les pointes, les lignes de poinçons laissées par le compas sont les balises physiques qui créent le motif, ô combien éloigné de la planéité d’une impression numérique.
Tridimensionnelles, les installations diffractent la lumière et trouvent dans le cadre naturel de leur implémentation un écrin évident.
Photographiées par Ludovic Le Couster, ces pièces de fils acquièrent un aspect presque surréel qui tend à amalgamer les épreuves à des photomontages.
La frontière entre l’art et l’artisanat se fait mouvante et l’homologie avec le rendu numérique trop troublante. Un regard sans exigence sera trompeur.
L’endurance du travail de création pose la condition sine qua none d’une lenteur
bienveillante dans la visite, pour que réelle soit la rencontre de l’oeil et de l’objet. »
VALÉRIE NAM